Histoire du village

LA FAMILLE

Montferrand naît de la volonté des seigneurs de Montferrand qui apparaissent au début du XIIIe siècle avec la fondation en 1207 de l’Hôpital du Saint-Esprit de Besançon par Jean de  Montferrand, de la famille des Cicon. Il prit le nom de cette importante seigneurie qui comprenait à son apogée les villages de Montferrand, Rancenay, Grandfontaine, Thoraise, Torpes, Velesmes, Corcondray.

Les Montferrand sont mêlés à bien des événements de la vie comtoise, française et même européenne : pillage du château archiépiscopal de Gy (1259), expédition en Sicile contre Pierre d’Aragon (1285), rébellion contre Philippe Le Bel (1295 – 1301)….
Le jeu des mariages concourt au démembrement de la seigneurie : la souche de Montferrand donne en effet naissance aux branches de Thoraise, Torpes et Corcondray.
Le fief passe dans le domaine des Vergy au début du XVe siècle puis il revient aux Pontailler et enfin en 1606, il est acheté par le seigneur de Chenecey, Antoine Pillot.


LE CHÂTEAU

C’est un des fils de Jean I, Jean II, qui fit construire le château fort de Montferrand dont seuls subsistent aujourd’hui les enceintes extérieures et le donjon, ancien logis du seigneur, qui comportait vraisemblablement quatre étages.
Une douzaine de familles, sujets du seigneur du lieu, s’y abritaient, les seigneurs de Montferrand ne résidant pas sur place mais à Besançon. Ils n’y venaient que de temps en temps, pour chasser, s’informer de ce qui s’y passait, percevoir leurs revenus, ou, en temps de guerre, pour y organiser la défense.
La garde du château était confiée à un capitaine châtelain, deux gentilshommes et dix hommes d’armes secondés, en temps de guerre, par les « Retrahants »,  paysans chargés de garder le château sous peine d’amende.
Le château possédait deux chapelles dédiées à Saint Nicolas et à Saint Barthélemy.
Il fut assiégé par les Français de Charles d’Amboise en 1480 (à ce moment, Louis XI faisait pour la deuxième fois la conquête de la Franche Comté) et à nouveau en 1587.
C’est pendant la guerre de dix ans (1632 – 1642) qu’il abrita pour la dernière fois les sujets de la seigneurie. Un acte du 16 août 1683 constate qu’il est en ruine.
Aujourd’hui, ses imposantes ruines se dressent au-dessus de la vallée du Doubs. (propriété privée / 354 mètres d’altitude). Inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques le 8 juin 1926).

LES MOULINS

Dès 1307, l’existence d’un moulin de Tavelle est attesté à Montferrand et la présence de moulins se perpétue jusqu’au XIXe siècle.
Montferrand possédait deux moulins pour le grain et fouler le chanvre. Le « moulin neuf », sur la rive droite du Doubs, comprenait 6 paires de meules, une ribe à chanvre et une scierie. Dans le hameau de Mont, sur le ruisseau de Grandfontaine, un moulin plus petit possédait 4 paires de meules, une huilerie et une machine à battre.
Dès le milieu du siècle, leur activité tomba en déclin.

LES FOURS

Il y avait au château un four appartenant au seigneur. Les habitants du lieu étaient tenus d’y faire cuire leurs pains et pâtes. Il était habituellement affermé à un « fournier » qui y cuisait une fois par semaine les pains et « pastes » des habitants, en percevait pour lui les profits et versait chaque année sa redevance au seigneur. Au XVIe siècle, les habitants de la Marne furent autorisés à avoir un four dans leur maison, tout en payant une redevance au seigneur.

LA VERRERIE

(La verrerie en Franche Comté / André Seurre – Peintre – Verrier, 1972). Ouvrage couronné par l’académie des sciences, Belles Lettres et Arts de Besançon.
La verrerie de Montferrand produisait une verrerie de luxe sans pour cela dédaigner la verrerie courante. Réputation d’une production de très belle qualité.

L’usine située dans la partie basse du village nommée encore aujourd’hui « les Usines ».
Verrerie spécialisée dans le service de table et exportait en Suisse, Italie, Espagne, Algérie, Turquie, Autriche, Asie Mineure.

M Flagey en 1859 fit construire une verrerie, une taillerie actionnée par la force hydraulique du Doubs (Flagey : industriel verrier de Lyon).
2 fours chauffés au bois furent édifiés, puis un troisième four chauffé au gaz de houille (procédé de chauffe moins onéreux ; 1 kg de houille était suffisant pour terminer 1 kg de verre, avec un système que M Flagey a breveté).

 La verrerie de Montferrand a porté la renommée de Montferrand à travers le monde pendant plus de 20 ans.

1862 : la verrerie occupe 200 ouvriers.

1864 : femmes embauchées à la taillerie de cristal.

1870 – 1871 : après la guerre, reprise de l’usine par M Flagey fils qui s’adjoint un directeur, mal accueilli par les habitants (selon eux, c’est d’ailleurs sa faute s’il existe des problèmes).

1878 : difficultés, la production connaît des baisses inquiétantes.

Le 29 septembre 1878, on annonce la mise en vente de la verrerie mais en vain.
Les fours s’éteignirent au début de 1880.


De temps en temps, des gamins de 9 à 12 ans seront employés à la verrerie, mais seulement si de petite taille (pour ramoner les étroits couloirs à gaz).

TUILERIE ET AUTRES USINES

Au XIXe siècle, il existait une tuilerie qui produisait environ 100 000 tuiles par an.
Inoccupation des locaux de la verrerie puis vers 1885 une société de souderie jusqu’à la guerre de 1914. Au début du XXe siècle et pendant peu de temps, une petite usine chimique exploitant un filon de sel de gemme. Une usine de blanchiment des textiles, signalée de 1915 à 1952, employait également une centaine d’ouvriers en 1930 (installée dans la taillerie en bordure du Doubs).
Au recensement de 1688, les habitants de Montferrand le Château possédaient 12 chevaux, 101 bêtes à cornes, 39 porcs, 47 bêtes à laine et 12 chèvres. On cultivait des céréales et de la vigne. En 1980, il restait six exploitants agricoles. L’élevage laitier dominait avec un cheptel de plus de 300 vaches.